dimanche 6 juillet 2008

On ne peut pas continuer comme ça de Anne-Marie Garat, un bijou de nouvelle

Décidément, la confidentielle maison d'édition atelier in8 a retenu toute mon attention ces derniers temps. Cela continue avec l'une de mes dernières lectures de la saison 2007-2008, la nouvelle On ne peut pas continuer comme ça de Anne-Marie Garat, qui n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle a déjà écrit pas moins de quatorze romans dont les très remarqués Dans la main du diable(2006) et L'enfant des ténèbres(2008), romans-fleuves à tiroirs, paru tous deux chez Actes-Sud. Toujours est-il que par manque de temps et par souci de retenir le plus marquant, j'ai passé sous silence la qualité des deux autres nouvelles de la collection "porte à côté", à savoir Une nuit à Madrid de Olivier Deck et Le Quai de Neige de Carlos Gastán, nouvelles intimistes se caractérisant aussi par une ambiance hors-norme.

La nouvelle de Garat prend place près d'une station-essence délabrée devant laquelle s'arrête le personnage principal. En effet, exceptionnellement, celui-ci a décidé de prendre son temps et de profiter de l'occasion pour changer de trajet en empruntant les petites routes de campagne.
La qualité principale du récit est d'installer une ambiance de solitude et contemplative:

"Je suis descendu. La portière s'est refermée derrière moi doucement, un bruit très paisible. Rien sur la route, à droite, à gauche, aussi loin qu'on pouvait voir, le désert, le silence. En face, la station. Et moi, tout seul. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi seul, tranquille, en ma seule compagnie. Longtemps que je ne m'étais pas arrêté d'un coup quelque part, pour rien. J'avais tout mon temps. "

Les descriptions minutieuses et pittoresques des lieux accentuent la désolation qui règne et l'impression d'abandon que doit ressentir cet homme. La qualité de celles-ci fait parfois songer à celles de Jean Giono (L'homme qui plantait des arbres notamment)tant l'auteur excelle dans ce domaine.
On sait que Garat est aussi une cinéaste et on s'en rend compte dans la faculté de rendre palpable l'environnement visuel mais aussi sonore.
Le rythme est d'une grande fluidité, alimenté par quelques bribes de souvenirs qui permettent au lecteur de comprendre l'état d'esprit du personnage qu'il a devant les yeux et l'origine du titre énigmatique de la nouvelle.

A la fois près de chez lui mais en même temps si distant, le monde que le personnage a sous les yeux nous invite à un voyage intemporel, à la lisière d'une autre vie.
On plonge avec le personnage dans une brèche vers un monde méconnaissable, au charme irrésistible. Difficile de s'extirper des pages de cette nouvelle sans en avoir découvert le dénouement, troublant.

Une pièce maîtresse de la nouvelle, assurément.





  • A découvrir: On ne peut pas continuer comme ça de Anne-Marie Garat, paru aux éditions atelier in8 en 2006(collection La porte à côté).





P.S.: merci tout particulier à Josée Guellil de la maison atelier in8 qui m'a permis de découvrir cette oeuvre très attachante.

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