Dans le livre d'or du magasin de curiosités, un fil rouge vermillon relie chaque pièce à sa consoeur.
Fourmilière d'impressions, pour le découvrir dans son intégralité, il serait nécessaire d'y consacrer une année entière, nous prévient-on. Il faudra donc se contenter d'un échantillon, condensé de mémoire vive, et de rêverie instantanée. Du matériel de tricheur au bestiaire excentrique en passant par la pièce musicale pour automate, le flacon d'O de lune, l'exploration révèle entre les refrains tout un lot de surprises, de passages secrets et de chausse-trappes. Pour éviter de rester en marge
de cette déambulation, ne pas hésiter à marquer la page de son
empreinte, à laisser un cadavre exquis dans la marge, voire même à revenir en arrière, crimes
passibles d'une pénitence supplémentaire dans le pays des songes.
Nonobstant la contribution des sens, on se déplace d'autant mieux les yeux fermés afin de capter ce qui se dérobe au premier regard, les dessous et les coulisses, les miroirs sans tain et les visages masqués. Le jeu et la duplicité font partie intégrante de ce grand labyrinthe où l'on se perd volontiers. Le tirage au sort de la grande loterie nous laisse entre les mains d'un prestidigitateur qui prend un malin plaisir à multiplier les tours de passe-passe, sans que l'on puisse en prendre conscience. Les inquisiteurs décèleront peut-être quelques clins d'oeil aux lectures marquantes de l'auteur, Gabrielle Wittkop (et son Almanach) en tête, Jacques Abeille, Mervyn Peake pour ne citer qu'eux.
Outre un remède naturel contre l'oubli, le livre en lui-même est un bien bel ouvrage dont il serait fort dommage de se priver.