vendredi 4 juillet 2008

Etrange coïncidence : le lecteur signée Patricia Martin-Deffrennes

Certains ont des crises de nerf, crises d'angoisse, ou bien des crises de rangement. Pour ma part, les plus fréquentes que je connaisse sont des crises de curiosité. Elles arrivent sans crier gare au hasard de mes pérégrinations sur la toile. Je recherche quelque chose d'anodin: un horaire de train, le numéro de téléphone de mon dentiste, les horaires d'ouverture du chateau d'à côté... et je tombe comme par enchantement sur un blog qui évoque un texte intriguant. Incroyable, ce texte renvoie lui-même à un autre texte qui m'intrigue encore plus. Bien sûr, ma curiosité me pousse à cliquer sur ce lien. Erreur fatale! Direction alapage.Je rajoute deux articles à mon panier. Beurk!! La connotation commerciale écoeurante à mon goût de cet acte m'a décidé de passer mon chemin et de commander ces deux livres directement auprès de la maison d'édition d'où proviennent les deux curiosités, la remarquable maison atelier in8 qui défend corps et âme une idée de la littérature authentique, grâce à un catalogue original mettant en avant des auteurs français de caractère, méconnus, et au travers d'une thématique originale dont la partie nouvelles prépondérante a retenu mon attention.

La découverte du texte de Patricia Martin-Deffrennes, Le Lecteur, m'a enchanté.
Avant tout par l'idée de départ. Celle d'un parallèle effectuée entre la vie d'un personnage-narrateur et les romans d'un auteur méconnu. L'auteur met en avant une idée qui m'est chère, à savoir que le degré d'immersion dans un récit est bien souvent proportionnel au degré de proximité qui unit le lecteur au personnage principal du récit qu'il a sous les yeux.
Ici, je dois dire que je me reconnais à deux niveaux à Thomas Besson. Non pas par le fait qu'il vient de découvrir que son épouse "n'est pas seulement aimante de son mari". Litote savoureuse s'il en est pour suggérer une situation dans laquelle on ne doit pas maitriser les tournures littéraires de la même façon. Non, je me suis identifié au personnage par sa voracité maladive des livres qui l'envahit suite à ce facheux événement.
Important s'il en est pour un livre de ce format, Patricia Martin-Deffrennes installe d'emblée l'ambiance du récit:
"Il paraît qu'il y a des livres qui sauvent...
Je crois pouvoir dire aujourd'hui que je ne les ai pas rencontrés. Ce n'est pourtant pas faute de les avoir cherchés. J'étais ce qu'on appelle un gros lecteur, dévorant tout, du journal local à l'oeuvre littéraire réputée difficile, en passant par la bande dessinée et le polar.
C'était avant.
Dans une autre vie, serais-je tenté de dire avec le soupçon d'humour noir qu'il me reste.
Une autre vie..."
Mené tambour batant, on dévore les pages de ce récit comme le lecteur du livre.
La suite du récit associant de façon troublante Thomas Besson et T.W. Twin ne laisse aucun répit au lecteur. Elle m'a rappelé par certains aspects l'histoire de Jérôme Lafargue entre Timon Lunoilis et Owen W.Butler dans son merveilleux roman L'Ami Butler.
L'écriture alerte, sans fioritures, et focalisée sur un seul personnage participe grandement au rythme soutenu de la nouvelle dont le récit s'étale pourtant sur plusieurs années.

Une nouvelle passionnante dont la portée littéraire est bien plus grande que le nombre de pages qu'elle contient( moins d'une vingtaine). C'est aussi une porte ouverte vers d'autres ouvrages comme La pluie Jaune de J.Llamazares ou La mort d'Artemio Cruz de C.Fuentes.
Evocations troublantes pour le lecteur qui s'apparentent à celui que connait ce dernier à la lecture de l'Ami Butler lorsque les romans et les auteurs réels cotoient les livres et auteurs imaginaires, à moins que ce ne soit l'inverse...

Confusion pénétrante, voyage à la frontière des mondes, la nouvelle Le Lecteur est envoutante et mérite bien plus qu'un détour sur la toile.



  • A découvrir: Patricia Martin-Deffrennes, Le lecteur dans la collection Porte à Côté des éditions atelier in8.










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